- basme
- Basme, m. penac. Vient du mot Grec {{t=g}}balsamon,{{/t}} par syncope, mais nous et autres nations de decà la mer mediterranée abusons du mot, entendans par ceste diction basme, ce qui est proprement opobasme, car Basme est ce petit arbrisseau descrit par Dioscoride, Pline, Justin, Strabon, Theophraste et autres, et non ce que nous appelons basme, qui est l'opobasme, c'est à dire le suc et la larme degoutant de cest arbrisseau, estant l'escorce d'iceluy ouverte avec ongles de fer. Cest arbre ne se trouvoit jadis nulle part ailleurs en l'universelle terre qu'en la vallée de Hiericho au pays de Judée, et en deux jardins sans plus, mais les Romains devenus seigneurs du pays, le peuplerent autre part. Aucuns escrivent qu'il se trouvoit lors aussi en Egypte, et que à present non pas la Judée mesmes n'en a, et l'autheur de la continuation Belli sacri, dit qu'il naist en cest aage en Matharée, qui est (comme dit Dominique le Noir au 3. et quatriesme livre de sa Geographie) un verger non petit au pays d'Egypte à cinq mille pas d'un lieu où jadis fut par lesdits Babyloniens eslevée une forteresse dite pour lors Babylon, et à present le Caire, ou Alcaire. Ce basme que nous disons ne vient aujourd'huy jusques à nous. Et ce que les faux basmiers (si on les peut ainsi appeler, comme nous appelons les faux sauniers) nous en veulent faire à croire, n'est que bourde, laquelle falsification et imposture n'a commencé à avoir cours de nostre siecle, veu que Dioscoride en son livre premier s'en plaind, et en met en avant des advertissemens comme de surprinse pieça intentée. Il n'y a pas faute de tels qui par compositions nous veulent suppleer le defaut de ceste opobasme, et en ay porté de Portugal maintes receptes qui s'exploitent en Espagne. Mais les auteurs et operateurs de telles receptes peuvent contrefaire, ce qu'ils ne virent onc ne cognoissent, si n'est à la relation du sergent.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.